Présidentielle : à quels reports de voix s’attendre pour le second tour Macron - Le Pen ?

Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront au second tour de la présidentielle, le 24 avril. L’électorat Mélenchon au premier tour détient l’une des clés du scrutin.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 24 avril. Datagif pour Le Parisien
Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 24 avril. Datagif pour Le Parisien

    Que feront les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, d’Éric Zemmour, de Valérie Pécresse ou encore de Yannick Jadot, maintenant que leur favori pour l’Élysée est éliminé(e) ? Cette question est capitale pour tenter d’anticiper qui d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen a le plus de chance de l’emporter au second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril. Comme en 2017, tous deux ont fini en tête du premier tour, ce dimanche.

    Une première enquête Ipsos Sopra Steria pour Le Parisien, France Info et Radio France, réalisée dimanche soir, apporte de premiers enseignements. Sans surprise, Marine Le Pen fait le plein au sein de l’électorat Zemmour. 85 % des sondés ayant voté pour le candidat Reconquête ! comptent glisser un bulletin Le Pen dans l’urne le 24 avril. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont bien plus partagés : 34 % disent vouloir voter Macron, 30 % misent sur Le Pen, et 36 % ne répondent ni l’un ni l’autre (abstentionnistes, hésitants, etc.).

    Des voix de Mélenchonistes pour Le Pen ?

    D’après nos calculs réalisés à partir de ces taux et des résultats quasiment définitifs du premier tour, Emmanuel Macron l’emporterait avec un million de voix d’avance sur Marine Le Pen au second tour. Mais les choses peuvent évidemment évoluer.

    Dans les faits, tout va surtout dépendre du comportement des électeurs pro-Mélenchon puisqu’ils constituent le groupe le plus important. Le candidat insoumis a obtenu près de 22 % des voix dimanche soir, devançant largement ses adversaires. « Clairement, d’un simple point de vue numérique, l’électorat Mélenchon va être décisif », confirme Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos.

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    La répartition entre futurs électeurs de Macron, de Le Pen et ceux hésitants est donc assez équilibrée à ce stade. Mais elle pourrait bouger. « La campagne qui débute peut modifier ces rapports de force au fil des jours. En 2017, 7 % des électeurs de Mélenchon ont finalement voté Le Pen au second tour, alors qu’on avait un taux de réponse significativement plus élevé au soir du premier tour », rappelle le sondeur.

    Pour Marine Le Pen, « un jeu d’équilibriste potentiellement dangereux »

    L’appel à « ne pas donner une seule voix à Madame Le Pen », lancé (à trois reprises) par Jean-Luc Mélenchon à ses partisans dimanche soir, pourrait-il faire bouger les lignes ? « On voit dans les enquêtes que pas mal d’électeurs ont hésité, jusqu’au dernier moment, entre Mélenchon et Le Pen. Mais les consignes de vote ne marchent plus du tout », estime Chloé Morin, experte à la Fondation Jean Jaurès. « Malgré tout, ce que disent les leaders politiques garde du poids », tempère Mathieu Gallard, d’Ipsos.



    Marine Le Pen reste néanmoins confrontée à un sacré défi, celui de rassembler sur son nom plusieurs électorats. Dimanche soir, elle a appelé « ceux qui n’ont pas voté » Macron à la « rejoindre ».

    « Sa grande difficulté, c’est qu’elle s’adresse potentiellement à des électeurs très différents et sur des thématiques très variées : le pouvoir d’achat et le rejet du système du côté de Jean-Luc Mélenchon, l’immigration du côté d’Éric Zemmour. Il lui faudra parler aux uns sans faire fuir les autres, ce sera un jeu d’équilibriste potentiellement dangereux », analyse Chloé Morin. « L’électorat de Mélenchon qui compte voter Le Pen est celui le plus antisystème. On peut imaginer que ce sera difficile pour elle (la candidate RN) de monter au-delà de ces 30 % », conclut Mathieu Gallard.